Manager dans la FPT, quelles spécificités cela présente-t-il ?
- Cécile Zribi
- 4 mai 2019
- 4 min de lecture

Quelles sont les différences entre le management du service public et du secteur privé ? Y a-t-il un management spécifique à la fonction publique ?
Ces deux questions reposent sur le fait qu’il a longtemps été question de penser que le service public et le service privé étaient deux organisations diamétralement opposées par leurs finalités et leurs aspirations. L’une protégeant l’intérêt général ; l’autre recherchant le meilleur profit.
Vision opposée, valeurs éloignées, mode de fonctionnement propre, ressources hétéroclites, gouvernance différente…
Aujourd’hui, ces distinctions majeures qui tendaient à indiquer que ces deux mondes étaient aux antipodes, fondent à très grande vitesse . Les singularités du service public existent encore, c’est certain, mais ses modes de fonctionnement et ses objectifs se rapprochent des organisations privées.
Gestion des coûts exigeante
Gestion des actions par objectif (loi loft)
Culture du résultat
Image extérieure à conforter auprès des multiples acteurs
Pression accrue des bénéficiaires du service public
Engagement des politiques sur le développement du territoire
Management au cœur des actions
Développement des modes projets
Explosion des technologies au centre de l’organisation et de la gestion de l’information
Transversalité montante et indispensable
Concertation indispensable avec des partenaires extérieurs multiples
Contexte juridique, économique et social en mouvance continue…
Le management, impulsé et réservé pendant de nombreuses décennies au secteur du privé, est considéré comme l’une des réponses fortes à ces changements profonds.
Il n’est pas encore totalement compris par certains élus ou certains responsables, et il est parfois même encore rejeté. Tout simplement parce que ce mot est lié au secteur privé et qu’entre ces deux mondes, une certaine révulsion s’était installée conjointement depuis des décennies.
En effet, je suis parfois étonnée de constater qu’il y a encore un certain nombre de responsables, parfois même de jeunes débutants, qui n’acceptent pas de parler de management dans la fonction publique. Je me souviens d’une jeune personne (moins de 25 ans) durant une formation en gestion de projet me reprochant d’employer, dans la méthodologie, un outil de marketing. Mais comme nous le savons, les emprunts du passé sont puissants dans la perception et les croyances des individus. Ces emprunts sont encore enseignés par nos parents, dans nos écoles ; ils sont présents dans les représentations de certaines personnes de la génération Y.
Bon, je n’ai toujours pas répondu aux deux questions posées en préliminaire de ce post, à savoir :
Quelles sont les différences entre le management du service public et du service privé ?
Voici ma réponse bien personnelle : il existe aujourd’hui très peu de différences et celles-ci tendent de plus en plus à disparaître. Mais une me semble essentielle : celle de la mission d’intérêt général du service public, voie prioritaire traduite par les élus locaux.
Cette spécificité est traduite dans le cadre juridique des statuts.
Le statut général des fonctionnaires représente un ensemble de règles juridiques dans le système de travail des trois fonctions publiques et il existe des statuts particuliers pour chaque fonction publique précisant les conditions de déroulement de la carrière. Ces règles comportent bien des différences au regard du code du travail. C’est pourquoi le manager de la fonction publique n’a pas les mêmes bases pour animer une équipe qu’un manager du service privé. Dans certains cas, il a moins d’autonomie de décision RH, car le statut et son application sont bien plus stricts.
Ainsi, le responsable de la fonction publique territoriale se doit, pour pouvoir manager, de connaître les statuts, de s’y référer et de les intégrer dans son management. Tout comme il se doit de connaître le code du travail.
L’équipe d’un manager public se compose très souvent de fonctionnaires (évidemment) mais aussi de personnes en CDD ou en CDI, de non-titulaires… Savoir manager ces différences en toute équité est un challenge pour le manager du service public.
Ces statuts (général et particulier) constituent la barre de direction du manager pour piloter l’activité, animer son équipe et répondre à la mission d’intérêt général.
On y trouve des leviers de motivation, de mobilisation, des règles de fonctionnement, et aussi, il faut le dire, des contraintes supplémentaires que le manager du privé ne connaît pas. C’est pourquoi le manager qui vient du service public est un manager aguerri avec des compétences de leader éprouvé.
Par exemple, sans véritable pouvoir de sanction (il peut faire un rapport mais ne peut pas sanctionner directement un agent), sans pouvoir de gratification financière (ou presque), il doit faire preuve de perspicacité, de charisme, d’autorité naturelle et d’une bonne maîtrise des techniques du management pour réussir sa mission.
Cette première réponse va me permettre de répondre à la deuxième question.
Y a-t-il un management spécifique à la fonction publique ?
Oui et non, je m’explique :
Non, car il est tout à fait possible d’utiliser la quasi-totalité des concepts et outils déployés par les leaders du management, dans le service public
Oui, car il faut savoir adapter ces concepts et ces outils au contexte particulier du service public, aux nombreuses réglementations particulières qui conditionnent les activités.
Oui, car la posture du manager de la fonction publique territoriale est plus délicate et nécessite plus d’acuité, de finesse.
Oui, car il est en lien avec de nombreux acteurs internes et externes et appuie ses actions sur une vision politique locale tout en respectant un cadre juridique prégnant.
Les techniques du management et la finalité du management sont transposables d’un système à un autre. Il n’existe qu’un seul impératif : l’adapter à son écosystème, à son cadre juridique, à son environnement tout en gardant le cap de sa mission.
Le manager du service public doit d’autant plus être agile, qu’il doit composer avec des contraintes supplémentaires qui sont astreignantes dans un contexte instable tout en garantissant le bien-être au travail.
Et vous, qu’en pensez-vous ?
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